Les nouvelles littéraires ou comment entrer progressivement dans la littérature

On pense souvent qu’il suffit de se donner un peu de mal pour accéder aux œuvres incontournables de la littérature. Ce n’est pas le cas. On devient lecteur en se confrontant régulièrement et progressivement à des œuvres littéraires. La forme brève – et plus spécifiquement les nouvelles littéraires – permet aux lecteurs modestes d’entrer progressivement dans la littérature.  

L’échec annoncé des lectures trop ambitieuses

   Tous les grands lecteurs vous diront le plaisir intense qu’ils ont ressenti en relisant avec délectation, l’œuvre qu’ils estiment être leur chef d’œuvre. En quelques semaines de vacances, il se sont avalés, encore une fois, Guerre et Paix, Belle du Seigneur, Voyage au bout de la nuit ou même La Recherche. Ces grands romans, cet univers duquel ils ressortent ivres, encore tout éclaboussés du génie de l’écrivain, ils veulent les faire partager, donner aux autres – et en particulier aux jeunes générations – ce virus de la lecture. Alors, ils offrent les romans qu’ils ont aimé, à leurs amis, leurs neveux, leurs enfants… Ils choisissent avec soin des titres qui leur semblent correspondre au profil, à l’âge, aux préoccupations… Ils brûlent d’en parler, de dire combien ces œuvres les ont accompagnés, bouleversés, fait rêver…

Et puis… et puis le temps passe. Et, après avoir demandé une ou deux fois « Alors.. ? Tu as commencé ? Tu en es où ? », ils comprennent que le roman n’a pas trouvé son lecteur et dort tranquillement dans la bibliothèque. Souvent, chez les bouquinistes, on trouve de ces cadeaux trop ambitieux. On les reconnaît facilement, les premières pages ont été malmenées, parfois cornées, ces premières pages témoignent des efforts fournis, des reprises et tentatives successives, et puis, soudainement, les pages retrouvent leur virginité première, bien serrées et immaculées. A la première page, il reste parfois une dédicace pleine de promesses et d’enthousiasme du type : « Ce livre a bouleversé ma vie, j’espère qu’il te touchera autant ! Bonne lecture ! » ou encore « Quelle chance tu as de découvrir ce roman ! Tu es au seuil d’une aventure extraordinaire ! ». Et puis…. la page est cornée au début du chapitre II, page 36 exactement.

Mais qu’est-ce qu’on espérait ? Qu’une belle promesse suffirait ? Qu’il suffit d’un peu de bonne volonté ? Ces grands romans, ces chefs d’œuvre de la littérature, sont, pour le lecteur modeste, ou le non-lecteur, un monde inaccessible. Alors, l’invitation à la littérature devient une invitation à ne plus lire. Une lecture échouée, c’est une humiliation supplémentaire. « J’accroche pas » ; « C’est pas mon truc » ; « j’ai rien compris ». Rideau sur la littérature.

Les nouvelles littéraires pour devenir lecteur et s’ouvrir aux trésors de la littérature

On ne lit pas un roman ambitieux, exigeant, si on n’a pas une certaine habitude de lecture. Ce n’est pas parce qu’on sait lire, qu’on peut tout lire. C’est une évidence. On ne propose pas à un alpiniste occasionnel de s’attaquer à la face nord de l’Eiger pour se remettre en jambe. Alors, commençons doucement. Commençons doucement mais sans sacrifier la qualité littéraire. Commençons par des œuvres courtes, c’est le pavé qui impressionne le plus souvent et décourage.

Une nouvelle de 10, 50 voire 100 pages, n’invite pas à la même épopée qu’un grand roman. Elle n’apporte pas le même foisonnement, la même intimité avec les personnages, la même complexité. Mais la forme brève offre un condensé de littérature, une plongée dans un genre, un morceau de vie, une intrigue simple et efficace. La nouvelle a plus d’intensité, on peut souvent la lire d’une traite, sans interruption, en apnée. On se rapproche de l’expérience du spectacle vivant.

On touche facilement à la satisfaction d’avoir terminé une œuvre (souvenez-vous de la page cornée à la page 36) et, petit à petit, on pourra lire des nouvelles plus difficiles, plus longues. A la manière d’un entraînement régulier, lire des nouvelles ouvrira au lecteur l’accès à des œuvres plus ambitieuses.

Le genre de la nouvelle n’est pas un genre mineur. De nombreux grands écrivains se sont essayés à la forme brève, en particulier au XIXe siècle – alors, les nouvelles étaient publiées en revues. Nous disposons donc d’un catalogue très riche d’œuvres de littérature française et étrangère libres de droit. Ce site a pour ambition d’éditer et de proposer au format numérique une sélection de textes courts, essentiellement des nouvelles.

Charles-Etienne Millon (Enseignant – Lettres modernes)

Cette publication a un commentaire

  1. hanya 777

    You can certainly see your expertise in the work you
    write. The arena hopes for even more passionate writers such as you who aren’t
    afraid to mention how they believe. All the time go after your
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