Du texte à la publication - Un exemple avec "Miss Brill" de Catherine Mansfield
1. La nouvelle - "Miss Brill"

Catherine Mansfield
(1888 – 1923)

Première publication de la nouvelle « Miss Brill » dans le recueil The Garden-Party and Other Stories en 1922.
Lien avec le programme d’HLP – Thème de la connaissance de soi – Expression de la sensibilité
L’utilisation du monologue intérieur permet à l’auteur de nous livrer, dans leur surgissement, les pensées et émotions du personnage principal.
2. Constitution du texte
La version proposée est une traduction de Marthe Duproix qui date de 1929. Pour établir le texte, nous avons utilisé deux sources:
- Le recueil numérisé par le site « Ebooks libres et gratuits »
- L’intégrale des nouvelles de Catherine Mansfield publiée dans la collection « La Cosmopolite » chez Stock en 2006.
3. Notices et notes
Notes de bas de page
L’écriture de Catherine Mansfield est très accessible. Des notes de bas de page ont été ajoutées à quelques mots seulement. Les définitions ont été composées à l’aide du site CNTRL.
Mots ou expressions expliqués: « kiosque », « panama », « toque d’hermine », « calicot », « mélopée ».
Notices liminaires
Catherine Mansfield est le nom de plume de Kathleen Mansfield née Beauchamp à Wellington (Nouvelle Zélande) en 1888. Elle s’installe définitivement à Londres en 1908 et publie ses premières nouvelles en 1911 dans le recueil Pension allemande. Elle s’impose comme un des plus grands écrivains de l’époque. Influencée par l’écrivain russe Tchekhov, ses nouvelles cherchent à saisir des instants de vie, à décrire des destins simples dans un style très original. Catherine Mansfield s’installe en France dans les dernières années de sa vie. Elle meurt des suites d’une tuberculose à Fontainebleau.
Le monologue intérieur est une technique narrative qui consiste à reproduire les pensées d’un personnage dans leur surgissement, en effaçant la voix du narrateur. Le romancier Edouard Dujardin, considéré comme le premier à l’avoir théorisé explique que « le monologue intérieur est […] le discours sans auditeur et non prononcé, par lequel un personnage exprime sa pensée la plus intime ». Catherine Mansfield, comme d’autres romanciers à la même époque (Virginia Woolf, James Joyce…), utilise fréquemment cette technique pour plonger le lecteur dans le flot des pensées de son personnage. Dans « Miss Brill », nous accédons directement aux réflexions du personnage éponyme , à son ressenti et à ses rêveries.
4. Couverture et illustration
5. Autour du texte - préface/postface littéraire et philosophique en lien avec le programme d'HLP
Cette nouvelle s’inscrit dans le premier thème intitulé « Connaissance de soi » et illustre les « expressions de la sensibilité ».
N’avez-vous jamais vu, dans les jardins publics, des personnes seules, souvent âgées, s’asseoir sur un banc et rester là, à ne rien faire ? Ou plutôt, non, pas à ne rien faire, à observer, écouter, rêver peut-être, pour tuer l’ennui et la solitude. Personne ne fait attention à elles, elles sont là, dans le décor, souvent à heure fixe et toujours au même endroit.
Le tour de force de Catherine Mansfield, dans cette nouvelle, est de nous plonger dans la tête de l’une de ces ombres qui hantent les lieux publics. On ne sait pas grand-chose de Miss Brill. Elle est anglaise, elle vit en France, elle doit avoir un certain âge et, surtout, elle vit seule. Dans cette vie sans relief, elle attend chaque semaine sa sortie du dimanche au jardin public, le jour où elle pourra voir du monde et dérober quelques conversations.
Par la technique du monologue intérieur, l’auteur nous donne accès aux pensées de Miss Brill, ses réflexions, ses émotions. Nous entrons dans l’intimité du personnage, accédons à sa sensibilité. Et cette banale sortie du dimanche prend une autre dimension.
Après avoir lu cette nouvelle, vous ne regardez plus les silhouettes errantes des jardins publics de la même manière.
Pour désigner la connaissance sensible et empirique de l’univers, il y a deux termes : sensation et perception. Mon expérience réelle est celle de la perception, nous vivons dans un monde d’objets, de sons, de goûts, d’odeurs. La perception est un pont jeté entre la chose et la conscience (pour reprendre une idée forte du philosophe Merleau-Ponty). Cela est bien montré dans cette nouvelle de Catherine Mansfield dans laquelle nous voyageons entre décors, musiques, personnages… Tout cela est perçu à partir de l’intériorité de Miss Brill. Il n’y a pas de jugement mais un contact avec le monde. L’univers du personnage semble fondu dans une seule entité sans conscience.
6. Préparation et publication des versions numériques
Pour feuilleter la version numérique, cliquez sur la flèche, à droite du document.
7. Enregistrement et publication de la version audio